Bob Marley est un musicien de reggae jamaïcain qui s’est imposé dans les années 1970 comme un porte-parole global des populations du Sud en révolte contre les injustices du monde.
Robert Nesta Marley naît le 6 février 1945 à Nine Miles dans la colonie britannique de Jamaïque, d’un Anglais blanc, alors contremaître de plantation, et d’une paysanne jamaïcaine noire qu’il a épousée. Le jeune Robert passe son enfance sur place. Après la mort de son père sa mère déménage dans le ghetto de Trenchtown à Kingston, la capitale. Là, métis et pauvre, le futur Bob Marley subit vexations et stigmatisation. Avec son ami Neville Livingston (le futur Bunny Wailer), il se passionne pour le ska, la nouvelle musique syncopée à la mode alors que la Jamaïque proclame son indépendance le 6 août 1962. A l’âge de dix-sept ans, Bob Marley enregistre son sa première chanson « Judge Not » (Ne me jugez pas), dans laquelle il évoque sur un rythme de ska sa condition de métis, son expérience de la différence et promeut la tolérance.
En 1963, il forme le groupe The Wailing Wailers, avec Bunny Wailer et Peter « Tosh » McIntosh. Ils rencontrent leur premier succès en Jamaïque l’année suivante avec la chanson Simmer Down (Calmez-vous), qui s’adresse aux ghettos souvent en guerre les uns contre les autres, appelant à l’union contre la pauvreté, le véritable ennemi commun.
Après avoir échoué aux États-Unis, il revient en Jamaïque à la fin des années 1960, et embrasse sous l’impulsion de son nouveau mentor, le producteur Lee « Scratch » Perry, le genre musical alors en pleine ascension : le reggae. Cette musique hybride est issue d’une créolisation typique de la Caraïbe post-esclavagiste, dans son mélange des formes musicales européennes avec les musiques traditionnelles locales comme le mento, les héritages africains des percussions burru ainsi que les sons venus des Etats-Unis, le rhythm and blues, le jazz et la soul music.
Repérés par Chris Blackwell et signés sur son label Island, les Wailers rencontrent le succès critique avec les albums studio Catch a fire et Burnin’ en 1973. Mais ce n’est qu’après la séparation du trio à l’issue d’une tournée aux États-Unis et au Royaume-Uni que Bob Marley, désormais en solo, devient le visage international du reggae ainsi que de la religion rastafari, ce culte d’inspiration chrétienne et panafricaine rendu au Négus éthiopien Hailé Sélassié par une minorité de Jamaïcains noirs, auxquels Bob Marley s’est rallié dans les années 1960.
Devenu une figure centrale en Jamaïque, il est victime en 1976 d’un attentat qui le blesse lui et sa femme et les contraint à s’exiler à Londres. Il y enregistre Exodus, considéré comme son meilleur album studio, composé d’une face A militante et d’une face B plus légère.
Marqué par les idéaux tiers-mondistes, le souvenir de l’esclavage omniprésent en Jamaïque et les combats de la décolonisation, Bob Marley s’engage contre l’impérialisme occidental lors qu’en 1979 il chante « Zimbabwe », un soutien à la lutte pour l’indépendance de la Rhodésie, entamée en 1966. Le 17 avril 1980, la dernière colonie européenne en Afrique s’émancipe du Royaume-Uni et devient le Zimbabwe. À cette occasion Bob Marley se rend au Rufaro Stadium à Salisbury pour interpréter son hymne de la libération devant près de 35 000 personnes.
« Redemption Song », la dernière piste du dernier album de Bob Marley Uprising (1980), est considérée comme l’une de ses plus grandes œuvres. Éminemment politique, elle s’ouvre sur une puissante évocation de la déportation des captifs africains dans les navires de la traite, avant de reprendre les mots d’un discours prononcé par le panafricaniste Marcus Garvey et d’appeler à la libération des esprits : « Emancipate yourselves from mental slavery ».
Bob Marley meurt le 11 mai 1981 à Miami (États-Unis), à l’âge de 36 ans d’un cancer généralisé. Sa disparition soulève une émotion mondiale, et ne ralentit â son succès, au contraire. Issu de l’album posthume Confrontation (1983), le titre « Buffalo Soldier », qui fait référence aux régiments de cavalerie noire américaine ayant combattu dans les guerres amérindiennes après 1866, s’impose dès sa sortie comme un classique et un manifeste de la résistance et de la fierté noires.
Visage du reggae jamaïcain qu’il a installé à l’international en vendant plus de 200 millions de disques, Bob Marley est également une véritable icône de la lutte des peuples du Sud contre l’oppression, en même temps qu’un chantre de l’amour universel. Sa maison natale à Nine Miles a été transformée un musée-mausolée.
L’inscription en 2018, de la musique reggae sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité est une consécration du genre qu’il a imposé au niveau mondial et dont il a fait une arme pacifique contre les injustices.